banner
Centre d'Information
Des compétences inégalées dans leur métier.

Les journalistes français annulent la grève, ne parvenant pas à la bloquer jusqu'à présent

Mar 07, 2024

Publicité

Supporté par

Les journalistes et rédacteurs d'un grand journal, Le Journal du Dimanche, ont mis fin à une grève de 40 jours, mais beaucoup d'entre eux devraient démissionner.

Par Liz Alderman

Reportage depuis Paris

Les journalistes du principal journal dominical de France ont annoncé mardi qu'ils mettaient fin à l'une des plus longues grèves médiatiques de l'histoire récente de France, mais ils ont prédit que des dizaines de personnes pourraient démissionner pour protester contre la nomination d'un rédacteur en chef ayant des antécédents d'extrême droite comme nouveau rédacteur en chef. .

L'équipe du Journal du Dimanche, connue pour ses entretiens avec des dirigeants gouvernementaux et ses analyses politiques largement centristes, a déclaré qu'elle avait décidé d'annuler une grève de 40 jours après qu'il soit devenu évident que le futur nouveau propriétaire du journal, le Français le milliardaire Vincent Bolloré, n'a pas voulu annuler sa nomination. Les membres du personnel ont déclaré qu'ils n'avaient guère d'autre choix que de travailler avec les nouveaux dirigeants ou de quitter leur emploi.

Le nouveau rédacteur en chef, Geoffroy Lejeune, ancien directeur d'un magazine français d'extrême droite condamné à une amende pour avoir publié des insultes racistes, devait prendre ses nouvelles fonctions mardi. La nouvelle de sa nomination au JDD, comme on appelle le journal, avait déclenché une tempête dans les médias et les cercles politiques français, faisant craindre qu'un important média d'information grand public puisse se transformer en une plateforme de droite. Avant le tumulte, une centaine de journalistes travaillaient au journal parisien.

« Aujourd'hui, Geoffroy Lejeune prend ses fonctions. Il entrera dans une salle de rédaction vide", a indiqué le syndicat des journalistes du JDD dans un communiqué. "Des dizaines de journalistes refusent de travailler avec lui et vont quitter le JDD."

Le journal est absent des kiosques depuis six semaines – ce n'est que la deuxième fois qu'il manque une parution en 75 ans d'histoire – depuis que les journalistes ont débrayé à la mi-juin après la nomination abrupte de M. Lejeune, juste avant le rachat de M. Bolloré. Cet été, M. Bolloré devrait obtenir une participation majoritaire dans le groupe Lagardère, conglomérat propriétaire du JDD et du magazine Paris Match.

Dans un communiqué, le groupe Lagardère a indiqué que les éditions hebdomadaires imprimées reprendraient leur parution à la mi-août.

Le syndicat des journalistes a déclaré que le soutien de M. Lejeune à une ligne éditoriale de droite, notamment un langage anti-immigrés et un soutien à l'écrivain d'extrême droite et candidat à la présidentielle Éric Zemmour, reflétait des valeurs qui étaient « en totale contradiction avec celles du JDD ». » M. Lejeune, 34 ans, n'a fait aucune déclaration publique autre qu'un bref message sur Twitter disant qu'il était honoré de prendre la barre. Le magazine de droite Valeurs Actuelles l'a licencié l'année dernière en raison d'un différend avec le propriétaire concernant la direction éditoriale.

Le drame du JDD a ravivé les inquiétudes de longue date concernant la liberté de la presse dans un pays où plus des quatre cinquièmes des journaux, chaînes de télévision et de radio privés appartiennent à des milliardaires ou financiers français ou étrangers.

Après de nombreuses protestations des journalistes du JDD et une lettre de soutien signée par des centaines d'universitaires, d'économistes, de personnalités culturelles et d'hommes politiques de gauche, le Parlement réfléchit à une mesure qui permettrait aux journalistes des journaux subventionnés par l'État, comme Le JDD, d'avoir son mot à dire sur le choix du rédacteur en chef. Le président Emmanuel Macron a également annoncé une série d’auditions publiques en septembre sur les moyens de renforcer l’indépendance de la presse.

Le propriétaire direct du JDD, le conglomérat Lagardère, qui dépend essentiellement de M. Bolloré, s'est déclaré seul en droit d'installer un nouvel éditeur.

L'épisode a attiré une nouvelle attention sur M. Bolloré, un industriel politiquement connecté qui est souvent décrit comme le Rupert Murdoch de la France. Il est issu des cercles catholiques traditionalistes de Bretagne et n’a cessé de bâtir un empire médiatique conservateur, ancré dans un réseau de type Fox News, CNews. Plusieurs médias grand public qu'il a rachetés ont été transformés en plateformes de droite, les journalistes de longue date étant balayés et remplacés par de nouvelles lignes éditoriales qui, selon les analystes, correspondent aux convictions politiques de M. Bolloré.